Nous quittons Rajan remis de notre intoxication alimentaire, mais tout de même prudents. Direction le village de Llipa, à une dizaine de kilomètres plus bas. La descente est raide, vertigineuse, les lacets abrupts, le tout sur une piste de sable et de pierres où il est facile de déraper… et de finir le nez dans le bataillon de cactus qui est posté de chaque côté de la route. Autant dire que nous sommes agrippés à nos freins ! Nous arrivons à Llipa en une grosse heure et décidons d'y rester jusqu'au lendemain : j'ai du travail pour France Musique et nous pouvons avoir du wifi. Hop, un almuerzo au restaurant "Emily", caché dans une petite rue sableuse, derrière une haute porte en bois. Nous attendons longtemps nos assiettes accoudés sur la toile cirée d'une grande table, dans une pièce au sol de terre battue. Comme souvent, chiens et chats nous font les yeux doux pour pouvoir goûter à notre repas… du riz et des frites au piment : ils ne vont pas être déçus !
Nous trouvons une chambre à la mairie, pour 30 sols, même formule qu'à Rajan, avec, en prime, une salle de bain à l'odeur pestilentielle ! Nous passons l'après-midi sur nos téléphones, à travailler. Le soir venu, la tête farcie, je file acheter un petit paquet de Ritz (notre petit plaisir gustatif numéro un) et du jus de pêche, pour un petit apéritif face à la montagne. Le village est littéralement encerclé par la cordillère. Impressionnant, surtout au soleil couchant, quand les parois des montagnes se transforment en immenses masses sombres. On se croirait encerclés par des géants… La gentillesse des habitants de Llipa nous touche : tout le monde est souriant, accueillant. Les femmes me gratifient d'un affectueux "mamita" quand je leur dis bonjour. Nous retournons dîner chez Émily et, chic alors, on nous propose de passer derrière le rideau et de venir papoter dans la cuisine, pendant que les femmes - Emily et ses deux filles, Raquel, une amie de la famille qui est ingénieure des routes (elle travaille ici trois semaines et passe une semaine par mois à Huaraz) et Natalie, la nièce, qui ADORE Paris, cuisinent. Emily prépare la marinade pour les cuys qu'elle va servir ce soir (non merci, nous, nous prendrons un plat riz-banane-oeuf), et les filles parlent gaiement en préparant les humitas. Il y a deux grands saladiers sur la grande table en bois recouverte d'un joyeux bazar d'aromates, de haricots et de diverses épices. Dans l'un, Raquel mélange la pâte à base de maïs bouilli, de sucre roux, de beurre et de cannelle. Dans l'autre, Kelly nettoie les feuilles des épis de maïs qui vont être fourrées avec la pâte, soigneusement pliées, une à une, puis cuites lentement sous les pierres chaudes du four, qui diffuse d'ailleurs une agréable tiédeur dans la pièce. Nous parlons recettes, Machu Picchu, récolte du maïs, état des routes, pandémie, musique traditionnelle quechua, fêtes de village (hélas nous avons manqué, à 10 jours près, celle de Llipa, qui avait l'air sacrément musicale, colorée et arrosée si on en croit les vidéos que nous montre Kelly)... une bien jolie soirée !
Et le lendemain, après un petit-dejeuner boisson à l'avoine et au miel et humitas (bourratif à souhait) gentillement offert par Émily, nous quittons Llipa. Cette fois, une grosse journée nous attend. Au programme : une bonne vingtaine de kilomètres de descente au milieu des cactus dans un paysage quasi désertique avec une vue hallucinante sur les montagnes, puis… le début de la première grande montée de la Great Divide, qui va durer 100 kilomètres et nous amener à quelques 4847 mètres d'altitude ! Nous avons un peu le trac. Et il fait TRÈS chaud.
Herbe brûlée, cactus noirs et lychen : les parois de la montagne sont noires et jaunes, on croirait la peau d'une immense salamandre. Et les impressionnants reliefs qui défilent devant nos yeux donnent l'impression qui nous pédalons sur la colonne vertébrale d'un gigantesque animal préhistorique.
Nous descendons, descendons, descendons… jusqu'à atteindre la " Ria Negra", la rivière noire, que nous allons longer pendant plusieurs kilomètres, le long d'immenses paroies rocheuses, sans un poil d'ombre. Nous traversons une série de maisons en pierre éventrées, abandonnées, certaines dont le sol est jonché de bouteilles en plastique vides et de tas de briques. On croirait une cité minière désertée suite à une explosion… Nous nous installons entre les murs de l'une d'elle, qui nous offrent un peu d'ombre, pour sortir notre réchaud et déguster nos pâtes.
Nous continuons à monter sous une chaleur de plomb. Nous sommes en nage. Soudain, au détour d'un lacet, une cascade fraîche ! Je me jette dessous avec délectation. Pour moi, le plus dur en montée est clairement la chaleur, la bouche sèche, les joues qui brûlent. A mesure que nous montons, la végétation réapparaît : cactus, grands eucalyptus qui dégagent une odeur fraîche… la terre est rouge et de petites rigoles d'eau traversent la route ici et là. Nous nous arrêtons demander de l'eau à un vieux monsieur en sandales qui lit une vieille Bible cornée à l'ombre de sa petite maison de terre.
Trois lacets plus haut, fatigués et passablement desséchés, nous tombons, ô miracle, sur… des thermes !! Une maison en longueur, rouge et jaune, avec un grand écriteau : "Baños termales". Pour 5 soles chacun, on peut profiter d'un bain privé (rustique, mais propre) et savourer les bienfaits de l'eau chaude qui coule directement de la montagne, nous relaxer et nous décrasser. Ce n'est pas du luxe ! La propriétaire, Marcelina, accepte que nous montions notre tente dans le jardin, derrière la maison. C'est fort joli avec l'eau qui coule et les petites tables en bois qu'elle et son mari ont installées. Le petit garçon, Sebastian, très curieux, veut absolument nous aider à monter la tente et est fort intrigué par mon alliance, qu'il n'arrête pas de tripoter. Nous dînons ici et, au menu, on vous le donne en mille, le mythique riz-banane plantain-oeuf.
Le lendemain, c'est parti pour une grande journée d'ascension, direction Cajatambo. La route est encore asphaltée et la pente, quoique interminable, est relativement douce. Nous avons le sentiment d'avancer. Nous voyons au loin notre route monter, monter, en de vertigineux lacets. Surtout, ne pas se décourager… mais que c'est haut ! En deux heures de route, on est étonnés de regarder le chemin, en contrebas, qu'on vient de parcourir. Nous grimpons lentement, mais sûrement. La route est à flanc de montagne, gare au vertige !
Il est 13 heures et nous avons encore quelques kilomètres jusqu'à Cajatambo. Je commence à me décourager. Cette côte ne cessera donc jamais. Quelques gorgées d'eau, une poignée de cacahuètes et on repart. Au détour d'un pic rocheux, des sommets enneigés viennent d'apparaître et, légèrement en contrebas… notre destination du jour. Hourrah !! Nous finissons par atteindre la ville après une légère descente, plus qu'agréable. Sus au restaurant où nous dévorons une côte de porc marinée et un grand plat de riz. La ville est fort sympathique, avec une grande guitare dessinée sur la place principale. Je file à la mairie prendre des contacts de musiciens, mais aucun ne me répondra avant notre départ. Tant pis ! Baudouin nous dégote un hôtel : El tambo del inca, un bâtiment bleu au cœur de la rue principale. Lit propre, toilettes et eau chaude, nous n'en demandons pas plus. Le soir, nous pouvons même utiliser la cuisine pour préparer notre dîner.
Le lendemain, direction Oyon ! Mais pour cela, il faut atteindre notre premier col à plus de 4800 mètres d'altitude, puis parcourir environ 30 kilomètres de descente. La montée est longue, mais sublime. Le paysage, avec ses couleurs or et ocre, est relativement chaleureux. Et gigantesque ! C'est une immense lande vallonnée qui semble s'étendre à l'infini. Nous croisons des troupeaux de moutons, des vaches et taureaux en liberté et des chevaux assez farouches. Sinon, c'est désertique. En fin de journée, nous passons un premier pic et descendons pour quelques kilomètres.
Il est 16 heures, le froid arrive. Au loin, nous distinguons un bâtiment bleu, niché dans la plaine. C'est une école que Baudouin avait repérée sur la carte. Une aubaine ! Nous y descendons. Elle est déserte, mais bivouaquer près d'un bâtiment est tout de même rassurant pour cette nuit au sommet (4400 mètres d'altitude toute de même, nous ne sommes qu'à une dizaine de kilomètres du col). Nous montons la tente au milieu des modestes jeux en bois de la petite cour de récréation.
Au petit matin, tandis que nous replions le campement tout juste réchauffés par les premiers rayons du soleil sur notre versant de la montagne, un monsieur vient à notre rencontre avec deux petits enfants qui portent chacun un cartable : c'est l'instituteur ! Les élèves vont arriver d'ici une heure : la classe commence à neuf heures et ils sont sept, de six à onze ans. Il est fort sympathique et nous ouvre la cuisine pour faire bouillir une grande marmite d'eau et nous buvons un thé bien chaud avec lui. Il nous raconte que non loin d'ici, sur le plateau, chaque mois de juillet, les hommes capturent les vigognes sauvages et tondent leur pelage pour vendre la laine en Italie, à très bon prix. Les vigognes sont ensuite relâchées, saines et sauves, et surtout plus légères.
Nous prenons ensuite la route : il nous reste environ 12 kilomètres pour atteindre le col et la lagune de Tucto, puis une grande descente nous attend jusqu'à Oyon. Sans surprise, la montée est longue et rude. Arrivés à Punta Chanca, au bord d'une lagune, nous sommes plutôt fiers : notre premier col péruvien à cette altitude (4847 mètres) ! La descente qui suit coupe littéralement le souffle : nous avons les jambes sciées par le vertige… la route serpente avec, à gauche, le vide et, au loin, une perspective aussi somptueuse qu'effrayante sur le reste de la cordillère. Nous n'en menons pas large ! A mesure que nous approchons du "bas", nous nous rassurons. De plus, le paysage a des airs de highlands écossais, avec la pierre brute, les flancs des montagnes taillés à la serpe et ses couleurs jaunes et grises.
Nous longeons bientôt une rivière, et ce jusqu'à Oyon, où nous arrivons, deux heures plus tard, épuisés et… affamés ! Nous comptions repartir après le déjeuner, mais il est 15 heures passées, et nous avons besoin d'un peu de confort cette nuit.
Nous atterrissons dans un fast-food qui propose un poulet à la brasa (mal cuit), une généreuse portion de frites et un Inca Kola, boisson jaune fluo au goût de médicament vendue par Coca Cola ! Ensuite, il nous faut trouver un logement. La ville est pleine de petits hostels qui nous proposent des prix clairement à la tête du client. Nous choisissons finalement une pension avec une chambre sans fenêtre et des douches communes. La jeune fille à la réception semble profondément ennuyée de devoir nous donner la clé et nous montrer la chambre… pas un sourire !
Le soir, nous dînerons, pour le plus grand plaisir de Suzanne, au Chifa, nom des restaurants asiatiques en Amérique du Sud : des plats goûtus et des portions extrêmement généreuses (une assiette : deux repas).
Et c'est reparti ! Nous quittons Oyon sous le soleil après un petit-déjeuner dans une échoppe du marché, qui donne envie de tout goûter. L'ascension de ce deuxième col (Abra Rapaz, 4937 mètres) s'annonce musclée… jusqu'au midi, on se décourage beaucoup et on pousse souvent nos montures. C'est là que nous nous rendons compte que nous sommes décidément trop chargés. Au détour d'un lacet, une petite ferme. Nous nous posons près de la petite rivière qui coule et sortons le réchaud. Les chiens se précipitent vers nous et Baudouin leur envoie des cailloux. Ils continueront à nous aboyer dessus, sans oser s'approcher, pendant toute la durée de notre repas.
L'après-midi est une longue montée au milieu d'un paysage très rocailleux. Nous prenons un meilleur rythme et avalons une partie du dénivelé. Une barrière bloque soudain la route : interdiction de passer. Au niveau du col, plus haut, il y a une mine. D'apres le site Internet Andesbybike, la référence pour ceux qui veulent, comme nous, tenter la Great Divide péruvienne, il est possible de passer. Nous passons donc la clôture.
Nous nous arrêtons à quelques cinq kilomètres du col, au niveau d'une bergerie. Il n'y a personne, seuls deux alpagas blancs au look de grosses peluches viennent à notre rencontre, curieux. Les deux habitations semblent vides, mais nous n'osons pas nous installer… du linge sèche sur un fil, les habitants devraient rentrer. Nous commençons à monter la tente un peu plus loin, en admirant la vue sur les montagnes et le ciel qui rosit. Quand soudain, un drôle de bruit : derrière nous, la famille de bergers, en habit traditionnel coloré, ramène le troupeau pour la nuit. Et quel troupeau ! Une centaine d'alpagas blancs, petits et grands, leurs long cous qui se tournent vers nous en passant. Vision de rêve au moment où le soleil décline. Nous saluons les bergers mais n'osons pas leur demander d'installer nos matelas dans une pièce vide… C'est bête car la nuit sera fort froide ! Après une petite toilette, nous faisons chauffer… des pâtes, que nous mangeons au chaud, emmitouflés dans la tente. Nous jetterons un oeil dehors à la nuit tombée et comme d'habitude à cette altitude, isolés de tout, nous sommes émerveillés par le ciel étoilé, où l'on voit clairement la voie lactée… Mais il fait trop froid pour jouer à trouver les constellations et nous rentrons illico nous réfugier douillettement dans nos duvets.
Nous nous réveillons vers 6h30, mais il faut attendre que les rayons du soleil arrivent jusqu'à la tente pour sortir : trop froid ! Après un petit déjeuner rapide et frugal, en selle. Plus que quelques kilomètres avant le premier col et douze pour le second, avant la descente vers le village de Rapaz. Entre les deux cols, la mine. Espérons qu'ils nous laissent passer. Ce n'est pas la grande forme pour moi : fort mal de ventre et fatigue. Nous arrivons tout de même à l'entrée de la mine, dans un décor de gravas noirs et de chemins poussiéreux que sillonnent des camions de chantier. L'entrée est fermée. Plusieurs panneaux précisent que l'accès est strictement interdit. C'est mal parti. Baudouin monte voir deux ouvriers et leur explique la situation : nous n'avions pas les bonnes informations sur notre carte et nous sommes trop fatigués pour prendre la route alternative, qui implique un dénivelé positif assez conséquent. Comme j'ai mal au ventre et la mine assez blême, les mineurs me croient à l'article de la mort. Il faut dire, on a honte de l'avouer, que nous surjouons un petit peu dans l'espoir de pouvoir passer... Takie-walkie a la main, ils appellent finalement un truck qui nous fait faire les quelques centaines de mètres interdits. Quel confort ces quelques minutes de voiture, au chaud, assis sur la banquette en cuir. Le vélo, c'est merveilleux, mais le ronron d'un moteur a parfois du bon !
Nous voici donc en haut du col, prêts à descendre. Il fait gris, plutôt frisquet. Nous dévalons une piste de gravas qui se transforme en chemin de terre. La végétation réapparaît avec, en bord de route, de petits enclos de pierre circulaires réservés au bétail. On croise plusieurs ânes, des cavaliers qui nous saluent et nous finissons par arriver à Rapaz. C'est un fort petit village et heureusement qu'un groupe de femmes postées près de l'église appelle une de leurs amies qui accepte de nous servir une assiette, car tout est fermé.
Nous décidons de descendre encore un petit peu pour trouver un endroit pour la nuit. A dix kilomètres en aval, il y a des thermes assez réputées. Nous descendons le long de la rivière. Il fait gris, humide et frais, les grands arbres font penser à la campagne anglaise. Malgré la descente et ce paysage bucolique, je me sens fébrile : la fatigue de ces derniers jours se fait sentir.
Nous passons devant les thermes qui grouillent de monde : nous sommes dimanche et les familles sont de sortie. Nous décidons de continuer à descendre. A trois kilomètres, il y a un petit village avec des habitations pour la nuit. Arrivés sur la petite place, tout le monde nous dévisage et un monsieur finit par nous proposer de le suivre. Il nous amène chez lui. Une petite maison verte et rouge. Pour 20 soles, nous avons une chambre. Sol en béton, plafond recouvert d'une grande bâche en plastique bleue. Pas de douche, mais on peut avoir un baquet d'eau chaude. Nous montons nos affaires et c'est à ce moment-là que… je craque ! Je suis épuisée, j'ai mal partout. Malgré la beauté des paysages et l'ivresse du voyage ressentie jusqu'ici, une seule pensée : ras le bol !
Baudouin partage ce sentiment. Nous nous sentons assez seuls dans cette immensité et dans la plupart des villages où nous sommes passés, on nous dévisage en silence et on répond à peine à nos questions. En période post-pandémie, la méfiance est sans doute de mise, mais notre moral en a pris un coup. Sans compter que nous n'avons rencontré aucun autre cyclotouriste depuis le début de notre périple. Les auberges de jeunesse et hostels sont presque tous vides...
Et puis il y a bien sûr l'effort physique de ces derniers jours, qui a été émotionnellement très intense. Bref, je suis une loque. Après deux mois sur la route, C'est le premier gros coup de mou et il est violent. Nos proches nous manquent. Heureusement, nous sommes tous les deux. Baudouin déniche une tienda non loin qui sert des soupes au poulet pour le dîner. Au moment où nous sortons, dans la nuit noire, coupure d'électricité générale dans le village ! Nous arrivons chez Maria à tâtons et avalons notre soupe éclairés à la bougie. Pittoresque !
Nous décidons de rester au village le lendemain. Nous devons changer d'habitation et atterrissons dans l'hostel de la place centrale. Une maison à colombages bariolée qui fait penser... aux jolies bicoques alsaciennes. Même tarif, mais accès à la cuisine et wifi en prime. Nous déjeunons entretemps au restaurant : truite frite pour moi (fameux) et soupe avec ce qui semble être tous les restes du frigo dedans pour le pauvre Baudouin. Nous passons l'après midi sur le lit de la chambre, à la déco assez kitsch (aux murs, une série d'aquarelles criardes qui représentent des paysages à mi chemin entre les Andes et le Tyrol avec des lamas, des bouquetins et des saint-bernards couverts de paillettes) : écriture, lecture… le soir, je nous cuisine une grande soupe, puis nous envoyons quelques mails pour nous informer sur les tronçons restants de la Great Divide. Nous ne savons pas si nous aurons le temps (et l'envie) de la parcourir en entier. Nous nous apprêtons à passer une nuit réparatrice, avant d'attaquer la dernière partie de ces 500 premiers kilomètres de Great Divide quand… des cris. Un homme, ivre mort, hurle juste devant notre chambre (nous sommes au rez-de-chaussée). Il semble terroriser toute la famille car personne ne lui tient tête ni n'ose sortir. Nous allons supporter ses cris, les insultes qu'il adresse à sa femme et les coups qu'il donne aux murs pendant plusieurs heures, sans possibilité de sortir de notre chambre. Angoisse.
Le lendemain matin, après une nuit rachitique, Baudouin termine de ranger nos affaires et je questionne la propriétaire : l'homme est son ex-mari. Il vient ici tous les soirs, ivre, et terrorise toute la famille. Et la police ne veut rien savoir. C'est terrible.
Nous quittons donc le village sans regret, un peu timides de reprendre la route après notre grosse baisse de moral. Mais cela fait partie du voyage, sans doute. Nous sommes le 31 août et notre troisième semaine au Pérou peut commencer.