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Bienvenue en Equateur ! Une semaine à Quito

A cause de nos changements de plans - nous avons dû renoncer, non sans regrets, à la Colombie, avec un contexte politique et social trop compliqué -, le voyage qui nous a mené en Équateur a duré une bonne trentaine d'heures : quatre vols, deux nuits blanches, la frousse d'être refusés à la douane ou de retrouver nos vélos en miettes dans leurs boîtes en carton.

 

Nous avons bien failli ne pas embarquer à Charles-de-Gaulle : on nous refusé l'accès au vol pour le Canada. Apparemment, nous n'avons pas le droit de transiter par le pays… Or, Air Canada nous a vendu des billets et nous les avons eu au téléphone à plusieurs reprises. La personne au comptoir passe quelques coups de fil. Finalement, pour nous, c'est d'accord. Étonnant… Nous téléchargeons l'ETA en quatrième vitesse et pouvons enfin enregistrer nos vélos et sacoches. Ouf !

 

Une trentaine d'heures et cinq plateaux-repas plus tard, nous arrivons à bon port, et nos montures aussi. Samedi 26 juin, à 10h du matin, deux taxis jaune pétard (chacun le sien avec le vélo sur la plage arrière) filent à toute allure sur le périph rock'n roll de Quito, que nous découvrons avec nos yeux fatigués, mais à l'affût de toutes ces nouveautés. Nous sommes en Équateur... Enfin !

 

Quito est une ville immense, toute en longueur, qui s'étend entre montagnes et volcans verdoyants sur plus de 50 kilomètres de long. Les habitations grimpent sur les flancs de la cordillère, grignotant la montagne et donnant une impression de vertige.Sur la route à quatre voies, voitures, bus, vélos et motos croisent des marchands ambulants de glaces, d'empanadas, d'avocats, de ballons gonflables et de mandarines. Parmi eux, de très nombreux refugiés vénézuéliens... Nous en croiserons beaucoup sur les routes d'Equateur. Nombre d'entre eux espérant pouvoir partir pour l'Espagne.

 

Les pots d'échappement crachent généreusement leur fumée noirâtre. Nos chauffeurs, très sympas, nous déconseillent de nous risquer sur la voie rapide avec les vélos et de sortir à pied, en ville, la nuit venue. C'est-à-dire apres 18h. Avec la pandémie, la capitale est hélas devenue assez dangereuse, surtout dans le quartier historique, le Mariscal, au sud, où nous logeons.

 

Nous passons nos trois premiers jours à Quito au Masaya Hostel, auberge de jeunesse et vrai petit havre de paix avec sa grande cuisine, son jardin, ses terrasses en bois et les lits absolument immenses de ses chambres. A nos yeux, un vrai palace... La grande pièce principale, avec sa cuisine, ses canapés et son billard, est ouverte sur le jardin. Le plan de travail déborde des fruits exotiques achetés par les hôtes. Certains cuisinent en papotant, tandis que d'autres jouent aux cartes en trois langues ou sirotent une biere en parlant reptiles, experiences chamaniques en Amazonie ou ascension des volcans...

 

Le premier soir, nous allons boire un verre avec Brett et Britney, deux américains originaires de la Nouvelle-Orléans qui finissent leur périple de trois semaines. Ils nous emmènent sur le rooftop d'un petit bar discret, le Sereno Moreno. Bien que la salsa, le braseros et la vue sur la ville donnent envie de siroter une pinte, nous sommes raisonnables : fatigue, altitude et alcool ne font pas bon ménage…

 

Le lendemain, après une nuit de douze heures, nous rencontrons Laura, parisienne d'origine albanaise interne en médecine venue rejoindre son amie Laura, en césure depuis deux mois, qui arrive tout juste du Costa Rica, le teint hâlé et l'air heureux. Nous improvisons une petite séance de yoga, nous sirotons des cacaos corsés au petit-déjeuner en montant nos vélos et nous avons mille choses à nous dire ! Le quatrième jour, nous ferons même l'ascension du volcan Pichincha ensemble, avec le Teleferico vertigineux et nos mollets plutôt vaillants malgré la phase d'acclimatation à l'altitude.

 

Mauvaise surprise en montant le vélo de Baudouin : le bout de la fourche avant a été légèrement tordu dans l'avion. Le carton de vélo a été ouvert et la protection n'a pas été remise… Résultat, la roue avant n'entre plus. La tuile ! Heureusement, après quelques recherches et des explications dans notre espagnol encore très mauvais, nous trouvons un réparateur près du parque El Efijo qui rafistole le tout (qui met un coup de masse sur la fourche serait plus exact). Ça tient, c'est l'essentiel.

 

Pendant nos premiers jours à Quito, quand nous ne cuisinons pas les délicieux fruits et légumes achetés au Mercado Central (Suzanne est en transe devant les étals, des recettes plein la tête), nous testons les fameux "Almuerzo", menus du jour à 2 ou 3 dollars. Une soupe, une assiette avec riz, poulet, patates, salade, un grand jus d'ananas et un dessert dont raffolent visiblement les Equatoriens : une sorte de gelée verte fluo...

 

Nous sommes frappés par la pauvreté du quartier historique. Beaucoup de gens mendient, femmes, adolescents, enfants. Un soir, un groupe de gamins qui jouent au foot nous interpellent "Gringos !" Pourtant nous sommes en tenues de sport sobres et sombres, sans objets de valeur sur nous. La précarité a explosé avec la pandémie et ici, si on attrape le Covid, rares sont ceux qui sont pris en charge par l'hôpital; et les bouteilles d'oxygène sont chères...

 

Nous faisons aussi la connaissance d'une famille originaire de Camargue : Adeline, Jérôme et leurs enfants Calista et Axel. Ils sont partis pour six mois de périple en famille, en Équateur, Colombie et Guatemala.

 

Après trois nuits reposantes au Masaya, nous quittons le sud de la ville, direction le parc Carolina. Quelques jours avant le départ, Suzanne a contacté l'Alliance française pour réaliser une interview sur la programmation musicale et, plus largement, artistique. Charles, le directeur culturel, nous a tout de suite proposé de loger chez lui quelques jours.

 

La route pour atteindre sa maison est sacrément pentue. Nous posons pied à terre et arrivons en nage. Un petit aperçu de ce qui nous attend... Nous sommes maintenant dans un quartier plus chic, le Guapulo, avec ses grands immeubles et ses cafés à l'européenne. Charles et Gabriella sont non seulement très accueillants et drôles, tous les deux très artistes et curieux, mais ils sont aussi passionnés par l'Amérique du Sud. Gabriella est Équatorienne.

 

Grâce à eux, nous apprenons une foule de choses sur le pays : économie, situation politique, vie culturelle, modes de vie, faune et flore, nourriture… Idéal en début de voyage en terre inconnue. Charles nous explique par exemple que la cordillère centrale abrite à elle seule plus de 80 volcans actifs. Une belle rencontre, nous espérons les voir en France, où ils rentrent dans quelques semaines.

 

Nous passons ensuite une journée à gérer l' "intendance" : notre site, Instagram, de menues emplettes (fil et aiguille, essence pour le réchaud, filtre pour l'appareil photo etc.)

 

Comme nous sommes en forme et impatients de partir vadrouiller, nous avons décidé de prendre la route demain, samedi, direction le parc naturel du volcan Cotopaxi. Comme un bon présage, un beau feu d'artifice est lancé non loin de chez Charles et Gabriella, sur le Guapulo, à la nuit tombée, la veille du premier vrai coup de pédale...