Un été, Baudouin terminait de lire Longue marche, récit de voyage de Bernard Ollivier, qui a parcouru, à pied, toute la Route de la soie. Je crois que le projet a germé à ce moment-là : et si nous partions, nous aussi, sur la route ?
La route ! Mes récits favoris sont les romans d'apprentissage. Ceux où le protagoniste est nomade, éternel voyageur, artiste ou aventurier de grand chemin, vivant dans l'incertitude : la Consuelo de George Sand, le Goldmund de Hermann Hesse ou, dans un tout autre style, certains héros de Jim Harrison. Des lectures que je vous recommande chaudement...
Ce rêve d’un voyage à vitesse humaine, nous l’avons eu tous les deux, avant de nous connaître. D'emblée, nous savions une chose : pas question de sauter d’avion en avion, de voyager l'essentiel du trajet en voiture ou en bus. Nous voulions aller lentement, mériter chaque kilomètre parcouru et essayer de mettre en pratique, à notre petit échelle, la notion de sobriété heureuse, qui nous inspire beaucoup.
Pourquoi pas le vélo ? L’idée nous a d’abord semblée un peu folle - elle était de Baudouin - donc nous avons lu. Le voyage éco-responsable, le silence et les rencontres racontés par Jacques Sirat, la surenchère de kilomètres et le défi physique décrit par Claude Martheler, les rencontres, l’imprévu, la flânerie dont parle si bien Julien Leblay dans son très joli Tao du vélo : tout cela a achevé de nous convaincre.
En juillet 2018, nous nous lançons dans notre premier petit périple, 800 petits kilomètres dans le sud de la France, matériel de bivouac dans nos sacoches.
A notre retour, nous nous imaginons gravir les sommets du Népal, puis parcourir l’Amérique du Sud en tricycles tractés par une voile où à vélos couchés... (à vrai dire, c'étaient surtout les idées folles de Baudouin !). Nous redescendons finalement sur terre : c'est décidé, nous partirons descendre l’Amérique du Sud, des rues colorées de Carthagène des Indes à l’extrémité de la Patagonie fouettée par les vents, à la seule force de nos mollets. [Mise à jour juin 2021 : à cause des récents événements politiques en Colombie, nous sommes contraints, à regret, de renoncer à ce pays qui nous faisait rêver, pour commencer le périple plus au sud et plus en hauteur : à Quito, capitale de l'Equateur.)
Le choix de l’Amérique du Sud a été assez évident ; c’est une destination de rêve pour les musiciens, qui est plus pour les guitaristes ! Astor Piazzolla, Hector Villa-Lobos, Carlos Gardel, Alberto Ginastera... Entre ses compositeurs classiques, ses musiques traditionnelles, sa jeune scène indépendante, ses carnavals et ses bandas, ses orchestres et ses groupes de jazz, l'Amérique du Sud est un continent où la musique a un rôle social et politique de premier plan.
Départ le 25 juin pour Quito. Nous sommes impatients, grisés comme lorsqu'une page se tourne et qu'une autre commence, nous avons le trac, aussi, un peu. Car après avoir reporté notre itinéraire sur un site qui nous a permis de visualiser le dénivelé... nous avons fait... une nuit blanche. GLOUPS.
La cordillère des Andes à vélo : il va falloir faire jouer les plateaux !